1. Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Cyril, j’ai 30 ans. J’ai eu mon bac en 2010 et j’ai ensuite étudié le japonais à la fac pendant deux ans. A la fin de ma première année de fac, j’ai fait une grosse dépression et je me suis rendu compte que ce système ne me correspondait pas donc j’ai laissé tomber. J’ai un peu virevolté entre quelques stages un peu partout (pompes funèbres, CSU, Macdonald’s, Auchan…) mais je n’ai pas réussi à trouver quelque chose qui me correspondait vraiment.
2. Qu’est-ce qui vous a amené à ARIHM ? Quelles étaient les difficultés à résoudre ?
Pôle Emploi m’a orienté vers le Cap Emploi mais ils ne se sont pas vraiment occupé de moi à cause du changement répétitif de conseillers. On m’a alors orienté vers la psychologue du Pôle Emploi, qui m’a parlé d’ARIHM en 2019.
3. De quels types de prestations avez-vous bénéficié ?
J’ai fait un Bilan Professionnel Comportemental et Cognitif (BPCC) puis un atelier Elaboration de Projet Professionnel, au sein duquel mon coach m’a aidé à explorer des projets. J’ai trouvé pas mal de choses. Le métier de bruiteur m’intéressait particulièrement et j’avais trouvé un stage dans un studio mais celui-ci a été annulé à cause de la pandémie de Covid-19.
Aujourd’hui, je suis des coachings à l’intégration en Emploi ou en Formation pour un projet qui va pouvoir aboutir : suivre une formation de technicien de laboratoire au CRP. Je monte en ce moment mon dossier MDPH avec mon coach.
4. Avez-vous trouvé votre accompagnement approprié ? Trop long, trop court ?
Je l’ai trouvé approprié, c’est bien qu’on ait pu le renouveler car quand j’arrivais à la fin de chaque module, soit les pistes n’ont pas pu aboutir (celle de bruiteur par exemple), soit on n’avait pas pu finir le coaching. Les prestations m’ont bien aidé et de pouvoir renouveler avec mon coach m’a permis de bien avancer et de ne rien lâcher. Je suis assez content de cela.
5. Aujourd’hui comment vous sentez-vous par rapport au travail ?
Honnêtement je suis encore un peu anxieux car la plupart des projets que j’ai eu ces dernières années n’ont pas abouti à cause de facteurs qui n’étaient pas de mon ressort. Cela m’a un peu découragé mais je suis aujourd’hui assez rassuré car les intervenants d’ARIHM m’ont aidé à réaliser que les projets en cours avaient l’air de bien fonctionner. Je suis donc un peu inquiet mais je reste positif.
6. Que diriez-vous à quelqu’un qui hésite à solliciter l’accompagnement d’ARIHM ?
Je dirai que si comme moi, il ne sait pas vraiment comment approcher les choses et qui contacter, je pense que cela pourrait lui apporter beaucoup et pourrait l’aider à s’orienter sans vraiment être obligé de se retrouver tout seul à faire des choix sans bénéficier de conseils et d’orientation.
Je l’encouragerai à s’engager dans cet accompagnement, surtout s’il est dans une période de doute et se sent un peu seul.
7. Comment définiriez-vous ARIHM ?
Avec les mots suivants : accompagnant et bienveillant. J’ai senti qu’il y avait quelque chose que je n’avais pas senti dans d’autres organisations : l’intention de m’aider avec des personnes qui s’occupent de moi et qui ne sont pas pressées. Elles prennent leur temps, sont à l’écoute, donnent de l’importance à ce qu’on dit et je n’ai pas eu l’impression d’être un chiffre ou une personne parmi tant d’autre.
- Emily Ruben
J'ai eu le plaisir de discuter avec Olivier, qui m'adonné son ressenti sur les prestations qu'il avait suivi au sein d'ARIHM, lui permettant de se tourner vers une formation dans la voix (voix-off, documentaires, publicités).
1. Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Olivier, j’ai 44 ans. Concernant mon parcours professionnel, j’ai d’abord travaillé en tant qu’agent de sécurité dans le domaine de l’assurance pour financer ma formation artistique. Ensuite j’ai été employé de bureau dans une mutuelle, ce qui a été pour moi un emploi valorisant mais je n’ai pas eu l’occasion de rester après mon CDD. J’ai travaillé dans la restauration et je me suis cherché pendant un moment car j’ai réalisé que ce n’était pas ce que j’aimais.
J’ai donc décidé d’acquérir de nouvelles connaissances à la suite d'un bilan de compétences. Je me suis donné les moyens pour obtenir mon CAP petite enfance et j’ai réussi après un an de formation. J’ai travaillé dans des crèches et des écoles maternelles, mais je ne parvenais pas à aboutir un contrat dès qu'il s'agissait d'un CDI.
A la suite de cela, j’ai démarré mon parcours d’accompagnement à ARIHM lorsque j’ai reçu successivement le message d'une amie me disant d'aller voir une compagnie soutenue par POLE EMPLOI 93 et cette compagnie m'a conseillé de me lancer dans le domaine artistique au même moment avec un vrai métier. Ils me proposaient de suivre une formation dans le secteur de la voix : voix-off, documentaires, publicités.
2. De quels types de prestations avez-vous bénéficié ?
J’ai suivi un coaching à la validation du projet professionnel en octobre et novembre 2020 pour que j’arrête de me chercher et pour que cela me conforte dans l’idée de me lancer dans le domaine de la voix. J’ai trouvé mon accompagnement vraiment super, mon coach était très convaincant et a su me rebooster quand j’ai failli me relâcher. Il a été souple et bienveillant. Le médecin psychiatre a très bien complété son rôle.
Le coach psychologue m’a très bien préparé à la validation de mon projet professionnel. Sans cela et sans l’aide d’ARIHM pour le montage de mon dossier, je pense que Pôle Emploi n’aurait pas accepté de financer ma formation. J’ai terminé ma formation en mars 2021 et je sais qu’il me faudra un peu de temps maintenant pour trouver du travail, car c'est tout nouveau pour moi, mais je suis content car c’est un domaine que j’aime.
ARIHM a trouvé la clé avec le travail qui a été fait sur les valeurs et l’estime de soi. De plus, les tests intellectuels faits pendant le Bilan Professionnel Comportemental et Cognitif (BPCC) m’ont valorisé car ils ont montré que je n’avais pas de problème intellectuel et de réelles capacités.
3. Avez-vous trouvé votre accompagnement approprié ? Trop long, trop court ?
Il y avait pas mal de rendez-vous mais avec une cohérence dans la densité du planning proposé qui me permettait d’avoir également une certaine cohérence dans mon quotidien.
L’accompagnement était ni trop long ni trop court. Il y avait un rythme soutenu mais c’est ce qu’il fallait. Les rendez-vous à ARIHM représentaient un bon moment dans ma journée et était même un moteur pour pouvoir ensuite me concentrer sur ce que j’avais à faire.
4. Aujourd’hui comment vous sentez-vous par rapport au travail ?
La formation s’est tellement bien passée, en plus dans mon domaine préféré : l'artistique, ce qui me laissera du temps en parallèle pour mes projets qui sont complémentaires. Il me faudra encore un petit peu de temps pour trouver des contrats, donc l’avenir est un peu flou, mais beaucoup moins et je me sens bien, car c'est ce que j'aime avant tout et il n'y aura plus de période d'essai. L’idée de travailler dans la voix tout le temps me plaît et il existe pleins de possibilités dans ce domaine donc je cherche encore un peu ce qui me plairait le plus parmi ces possibilités.
5. Que diriez-vous à quelqu’un qui hésite à solliciter l’accompagnement d’ARIHM ?
Si quelqu’un a un questionnement sur soi, sur son handicap, sur sa personnalité, je lui conseillerais d’y aller, de faire le pas vers ce type de structure. Il n’y a aucune honte à avoir car tous les intervenants d’ARIHM vont forcément bien nous entourer et nous épauler.
Il faut savoir écouter tout ce que vont nous dire chacun des interlocuteurs d’ARIHM vu tout ce qu’ils peuvent nous apporter. Si on sait prendre tout ce qu’ils vont nous donner, on ne va qu’en sortir vainqueur.
Tout le monde se complète très bien à ARIHM. Pour tous ceux qui ont envie mais qui hésitent, je pense que cette structure ne peut qu’être porteuse.
6. Comment définiriez-vous ARIHM ?
Avec les mots suivants : sérieux, bienveillant, empathie, attachant.
Il y a un lien qui se créé et c’est important pour une structure. C’est tellement rare aujourd’hui de trouver une structure portée sur l’humain, où la gentillesse et le sérieux sont unanimes. C’est une grande force et cela m’a permis de me sentir tout de suite à l’aise.
Nous remercions vivement Olivier pour son témoignage.
- Emily Ruben
J’ai eu le plaisir de discuter avec Pascal, 44 ans, bénéficiaire des Services Appuis Spécifiques depuis 2019. Celui-ci a commencé par me résumer son parcours professionnel, puis m’a parlé des prestations dont il a bénéficié à ARIHM.
1. Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Pascal, j’ai 44 ans. J’ai obtenu un Bac ES en 1995, à la suite duquel je me suis inscrit en DEUG d’histoire. J’ai enchainé ensuite plusieurs emplois et j’ai repris des études avec un DUT Gestion des entreprises et des administrations en 2001.
J’ai été embauché en tant que responsable d’un magasin de jouets mais j’ai fait une dépression rapidement. J’ai quand même essayé de continuer d’avancer mais j’allais très mal donc j’ai décidé d’arrêter de travailler. J’ai ensuite eu l’opportunité de devenir commercial à Nantes en 2005, puis j’ai trouvé du travail à Bordeaux. J’allais mieux mais c’était très éprouvant nerveusement. A la fin de l’année 2007 il y a eu des fusions et je savais que mon poste serait supprimé. Un de mes clients m’a alors proposé de devenir responsable d’un parc matériel. Ce poste n’était pas du tout épanouissant et j’étais de nouveau complétement en dépression, pour des raisons personnelles et également à cause de l’abandon de mon précédent poste. J’ai enchainé divers emplois mais j’étais toujours en dépression, malgré mes efforts pour essayer d’avancer. Je partais dans tous les sens, j’avais du mal à dormir, j’avais l’esprit qui déraillait, notamment à cause d’un contexte professionnel particulier.
A la suite de cela, j’ai été diagnostiqué haut potentiel par une psychologue. Cela m’a beaucoup perturbé donc j’ai tenu à passer un bilan psychométrique pour valider cette idée. Le bilan l’a bien confirmé mais avec une distinction entre l’échelle verbale et l’échelle de performance. Ce diagnostic ne m’a pas fait spécialement du bien sachant que j’étais déjà très agité.
J’ai quitté Bordeaux en 2012 et je suis retourné chez mon père pour des raisons financières et parce que, vu mon état, il allait falloir beaucoup de temps avant de pouvoir reprendre une activité car je ne voulais plus faire la même chose, même si ma vie professionnelle s’était plutôt bien passée.
J’ai envisagé de devenir formateur donc je me suis inscrit à Pôle Emploi à Paris mais je me suis vite rendu compte que je n’avais pas du tout la capacité de suivre la formation et de reprendre une vie professionnelle à cause de ma dépression qui ne s’améliorait pas. J’ai renoncé à tous mes projets professionnels car je n’étais pas en capacité, je continuais à creuser le trou dans lequel j’étais.
J’ai finalement été voir un généraliste en 2014 car j’avais des pensées suicidaires et je n’étais plus capable de faire face seule ; les choses s’aggravaient. A partir de là, j’ai été suivi par des psychiatres. J’avais des troubles psychologiques, même si c’est difficile de mettre des mots dessus. J’ai été en arrêt de travail et les choses ont plus ou moins stagné. L’accompagnement me permettait d’arrêter la chute mais je ne remontais pas la pente. L’amélioration a commencé vers 2016 très doucement. Le fait de voir une psychologue une fois par semaine, d’être dans l’échange, de verbaliser les choses et d’être aiguillé m’a permis d’avancer. En parallèle, j’ai eu ma reconnaissance RQTH en 2018 notamment pour un problème d’apragmatisme (l’absence de désir, de motivation, un manque d’énergie qui fait que la moindre chose est usante psychologiquement). Ce diagnostic expliquait mes dépressions longues. Dès lors qu’un environnement était stimulant, je m’investissais énormément mais j’étais très stressé et je ressentais cette usure psychologique, je finissais par être au bout du rouleau. J’avais aussi des troubles de l’angoisse et de panique, une tendance borderline, ce qui rendait des relations sociales compliquées. A partir de l’obtention de ma RQTH en 2018, j’ai été suivi par Cap Emploi, qui m’a dirigé vers ARIHM en 2019 pour essayer de définir un projet professionnel.
2. De quel type de prestations avez-vous bénéficié ?
J’ai fait un Bilan Professionnel Comportemental et Cognitif (BPCC) qui a montré que je n’avais pas de problème à l’apprentissage. Puis j’ai participé à l’atelier Elaboration de Projet Professionnel. Je n’allais pas encore suffisamment bien mais il fallait y croire, avancer. Nous avons beaucoup échangé, de manière très qualitative mais l’accompagnement était un peu trop ambitieux à ce stade par rapport à mes troubles psychologiques et des capacités. On a donc renouvelé la prestation et essayé de faire des petits pas afin de dénouer plusieurs fausses croyances et de calmer mes angoisses. Avec mon coach, nous avons fait un grand travail psychologique et la qualité des échanges m’a permis de calmer mes angoisses et d’accepter de croire qu’un avenir était possible pour moi.
La troisième prestation a été perturbée par la COVID, même si nous avons pu maintenir les rendez-vous par téléphone avec des échanges de qualité. J’ai rencontré un autre coach qui m’a préparé à l’entretien d’embauche. Ces rendez-vous étaient très constructifs, intéressants et utiles. Je suis quelqu’un de très exigeant et critique mais je les ai trouvés tous les deux très pertinents, j’ai apprécié la qualité des échanges riches, ne serait-ce qu’humainement, de la relation, des conseils.
3. Avez-vous trouvé votre accompagnement approprié ?
Approprié sans aucun doute, vu la qualité des échanges que j’ai énormément appréciés. Mon coach a pris le temps de beaucoup échanger avec moi et c’était utile par rapport au but de l’accompagnement.
4. Où en êtes-vous aujourd’hui ?
J’aimerais continuer avec ARIHM en faisant éventuellement une formation sur les outils administratifs. J’ai contacté des entreprises adaptées pour travailler en milieu ordinaire dans l’administratif mais ils n’avaient pas d’offres d’emploi. J’ai donc demandé à travailler en ESAT dans mon secteur. Je suis prêt à reprendre le travail mais le temps partiel serait préférable. Je vais mieux par rapport à 2019 quand j’ai commencé mon accompagnement avec ARIHM. Grâce à la qualité des prestations donc j’ai pu bénéficier aujourd’hui, je suis en capacité psychologiquement de reprendre une activité. Cela est le résultat d’un travail d’équipe de toutes les personnes qui m’ont accompagné. Sans le suivi d’ARIHM, je ne pense pas que cela serait le cas. La finesse psychologique, la douceur et la pertinence avec laquelle mon coach a travaillé avec moi et tout le travail qui a été fait a porté ses fruits. J’ai cependant encore besoin d’être accompagné pour concrétiser les progrès qui ont été faits mais j’attends le retour de Cap Emploi par rapport aux préconisations faites par ARIHM.
5. Un ou quelques mots pour définir ARIHM ?
Pertinence, finesse de l’accompagnement, finesse psychologique dont ont su faire preuve les différentes personnes qui m’ont accompagné, qualité, bienveillance.
Nous remercions vivement Pascal pour son témoignage.
- Emily Ruben
Dans le cadre de la semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, j’ai eu le plaisir de recueillir le témoignage de Madame S., actuellement bénéficiaire des Services Appuis Spécifiques d’ARIHM.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis une femme âgée de 44 ans, j’ai un fils de 16 ans reconnu handicapé qui fait un CAP vente. J’ai eu beaucoup d’expériences professionnelles différentes. J’ai d’abord fait un BEP carrière sanitaire et sociale, puis un CAP petite enfance, ainsi qu’une formation d’aide à domicile et d’aide à la personne. J’ai ensuite travaillé auprès d’enfants handicapés pour les aider dans leur rééducation dans le cadre d’un contrat emploi solidarité. J’ai dû m’arrêter de travailler en 2000 à cause d’une grave problématique de santé.
J’ai ensuite repris dans l’aide à la personne à domicile tout en faisant du bénévolat auprès d’enfants handicapés. Je suis également adhérente à la LICRA depuis 2016. Je m’investis ainsi dans la culture et la citoyenneté.
J’ai notamment repris ensuite une formation en CAP agro-alimentaire et j’ai fait un bore out en 2010 car j’étais payée à ne rien faire : on ne me donnait qu’une heure de travail par jour. Puis j’ai retravaillé et j’ai fini je pense par faire un burn out en 2019.
Qu’est-ce qui vous a amené à ARIHM ? Quelles étaient les difficultés à résoudre ?
Cap Emploi m’a dirigée vers ARIHM à cause de problèmes psychiques afin que je trouve ma voie professionnelle et que j’aille mieux au travail.
ARIHM m’a beaucoup apporté. C’est ce qui m’a redonné le goût de vivre car je ne crois pas assez en moi. J’arrive à donner des conseils aux autres tels que « ne baissez pas les bras » mais je n’arrive pas à les appliquer à moi-même.
De quels types de prestations avez-vous bénéficié ?
A ARIHM j’ai travaillé sur la gestion du stress et l’affirmation de soi : par exemple avec les auto-louanges où nous apprenons à parler de nous-même en amplifiant sans être négatif. J’ai également développé mon projet professionnel en faisant des tests sur le choix de l’orientation, des tests sur le niveau de stress etc.
De quels types de prestations avez-vous bénéficié ?
J’ai suivi l’accompagnement Elaboration du Projet Professionnel (EPP), j’ai eu un rendez-vous avec l’assistante sociale Mme DAVET et j’ai suivi l’atelier IEF (Intégration Emploi Formation).
Avez-vous trouvé votre accompagnement approprié ?
Oui. J’ai des rendez-vous une ou deux fois par mois régulièrement et je trouve ça intéressant. Je ne me sens pas encore de tenir longtemps avec un travail sans stresser mais ARIHM m’apporte beaucoup et me fait voir le positif. Il y a un bon suivi. C’est grâce à ça que j’ai réussi à m’affirmer sans écouter le jugement des autres.
Aujourd’hui comment vous sentez-vous par rapport au travail ?
J’ai un peu peur des jugements de ce que je noterais sur mon CV par exemple. Mais il y a de l’amélioration : avant je procrastinais beaucoup, j’appréhendais d’être jugée mais aujourd’hui j’ai appris à travailler sur les compétences sociales et j’ai découvert que j’en avais à transposer dans le domaine professionnelle comme l’empathie et la résilience par exemple.
ARIHM m’a proposé de m’aider dans la rédaction de mon CV et de continuer l’accompagnement par la suite si j’en ai besoin. J’apprécie d’avoir trouvé les bonnes personnes pour me suivre.
- Emily Ruben
A l’occasion de la Semaine Européenne pour l’Emploi des Personnes Handicapées, j’ai pu recueillir le témoignage de deux collaborateurs d’ARIHM.
Il s’agit du Dr Maria ILIOPOULOS, médecin référent et de Jonathan MANOU, coach professionnel. Ils m’ont expliqué leur parcours et les méthodes de travail qu’ils mobilisent pour favoriser et sécuriser l’emploi des personnes en situation de vulnérabilité ou handicap.
Jonathan MANOU a rejoint l’équipe d’ARIHM il y a un an et demi, après avoir exercé pendant 7 ans au sein du Service Public de l’Emploi où il accompagnait le parcours professionnel des personnes en situation de handicap. En parallèle, il a enrichi son expérience par son activité bénévole auprès de jeunes à haut potentiel se trouvant dans des situations sociales assez précaires.
Le Docteur Maria ILIOPOULOS fait partie de l’équipe d’ARIHM depuis 10 ans. Elle exerce tout d’abord comme praticienne Attachée en service hospitalier de psychiatrie à l’hôpital LOUIS MOURIER à Colombes. Particulièrement intéressée par la réhabilitation et la réinsertion professionnelle des patients, elle intervient à l’Atelier Thérapeutique de l’Elan Retrouvé puis intègre l’hôpital SAINTE ANNE avant de rejoindre ARIHM.
Comment se déroule le suivi des personnes au sein d’ARIHM ?
Maria ILIOPOULOS m’explique que l’accompagnement commence par un entretien Médico-Psycho-Professionnel® d’accueil avec le médecin référent. Ce premier échange avec la personne est essentiel car il permet de faire sa connaissance, d’analyser ses difficultés et de prendre en compte ses souhaits et ses attentes concernant son parcours professionnel. Il permet également d’évaluer les problématiques médicales, sociales, psychologiques et personnelles qu’elle rencontre, et sa capacité à se mobiliser afin de définir un accompagnement personnalisé au plus près de ses besoins
Ce premier entretien est suivi d’un entretien d’accueil professionnel avec le coach référent.
Jonathan MANOU précise qu’au cours de cet échange il essaye de comprendre le parcours professionnel de la personne et les ruptures de cette trajectoire ainsi que les limitations de santé à prendre en compte. Il fixe ensuite des objectifs « SMART » entre chaque rendez-vous afin de voir comment la personne se mobilise. Il s’agit de créer les conditions d’une bonne relation de confiance avec le bénéficiaire, et de le rassurer sur les voies d’accès au marché de l’emploi. Il n’y a pas d’accompagnement standardisé.
Il convient de définir le meilleur parcours pour la personne au moment où elle se situe car chaque trajectoire est unique.
Le Dr ILIOPOULOS insiste sur l’intérêt des méthodes développées par ARIHM qui ont su démontrer qu’avec un accompagnement pluridisciplinaire et un soutien personnalisé et adapté aux difficultés spécifiques de la personne, elle peut accéder à l’emploi et s’y maintenir. Pour cela, il est indispensable de lui proposer des étapes et des objectifs répondant à sa situation au moment T.
L’accompagnement à ARIHM est réalisé par une équipe pluridisciplinaire composée de médecins spécialistes et de coachs (psychologues, sociologues, ergonomes, professionnels en ressources humaines, assistant sociale… ).
Pour le Dr ILIOPOULOS et Jonathan MANOU, c’est ce travail pluridisciplinaire d’équipe qui fait la force et la particularité d’ARIHM.
Jonathan MANOU ajoute : « A ARIHM, on est dans un espace dans lequel on peut se concerter entre psychiatres et coachs, notre pluridisciplinarité c’est notre force ». Il se sent très épanoui chez ARIHM : « J’ai des collègues qui m’apprennent beaucoup et j’en apprends tous les jours sur les handicaps psychiques, mental et neuro cognitif. ARIHM, c’est une école au quotidien et on se doit de revisiter constamment ses connaissances/pratiques d’interventions et les actualiser au service du demandeur d’emploi ou du salarié en entreprise. On a une liberté qui nous permets d’être créatifs dans les modalités de l’accompagnement, par exemple en se servant de supports pédagogiques très divers ou en mettant la personne en lien avec des professionnels du métier visé par la personne (enquête métiers). La personne reprend confiance, se tourne vers l’avenir et peut se réapproprier sa véritable valeur professionnelle. »
Comment les coachs aident les personnes accompagnées à accéder à l’emploi ou à s’y maintenir ?
Les outils et les méthodes utilisées par les coachs permettent aux personnes de voir plus clairement leur champ de compétence et de connaissance et leur parcours professionnel. Les intervenants médecins et coachs vont essayer de réactiver chez elles la prise de conscience de leur véritable valeur professionnelle.
Une fois que la personne accompagnée est suffisamment en confiance sur son potentiel, ses forces et ses faiblesses, les coachs vont mettre en place des démarches plus concrètes telles que la rédaction du CV, de lettres de motivation, la préparation au recrutement ou l’identification d’une stratégie de ciblage emploi/formation ou des besoins en compensation.
Il est possible aussi, au travers de la mise en relation vers un professionnel (pour une enquête métiers par exemple), d’intégrer la personne dans un réseau et la ramener ainsi dans une dynamique de lien. Jonathan MANOU s’appuie également sur des supports pédagogiques divers tels que des livres, des contes, des auteurs… dans lesquels les personnes peuvent trouver du sens en vue de faire évoluer la représentation de leur problématique professionnelle.
Pouvez-vous me parler d’un cas particulier qui vous a marqué ?
Maria ILIOPOULOS se souvient d’une personne qui souffrait de schizophrénie : « Elle ne travaillait plus depuis plusieurs années et elle était en arrêt maladie. « Nous lui avons proposé un bilan Medico-Psycho-Professionnel pour évaluer sa situation et définir l’accompagnement spécifique dont elle avait besoin puis nous avons mis en place une étape d’accompagnement avec un coaching psycho-professionnel et un atelier pour travailler sur sa confiance en soi et faire un travail de remédiation cognitive avec pour objectif qu’elle puisse réintégrer son entreprise. Ce qui était loin d’être évident au départ pour elle ! Une autre étape a été définie au cours de laquelle nous l’avons accompagnée dans son retour à l’emploi et soutenue avec des séances de tutorat sur son poste de travail en lien avec son environnement professionnel. Elle a réussi à remettre le pied dans le monde du travail avec des conditions adaptées : une équipe bienveillante préparée par notre équipe en lien avec le médecin du travail et les acteurs de l’entreprise. Elle a ainsi pu réintégrer son poste et elle y est toujours !».
Peut-on parler d’amélioration de l’accompagnement professionnel des personnes atteintes de troubles psychiques ces dernières années ?
Pour le Dr ILIOPOULOS, il y a une véritable amélioration dans la prise en charge des personnes, avec le déploiement de prestations spécialisées d’accompagnement type PRESTATIONS D’APPUIS SPECIFIQUES qui permettent une véritable collaboration avec CAP EMPLOI, POLE EMPLOI, les missions locales, les employeurs et les médecins du travail ou de prévention pour favoriser le parcours d’accès à l’emploi ou de maintien dans l’emploi de ces personnes.
Par ailleurs la sensibilisation des acteurs de l’emploi est indispensable pour leur permettre de mieux comprendre les difficultés qu’ils peuvent être amenés à rencontrer avec ces personnes dans l’accès ou le maintien dans l’emploi et d’identifier les professionnels à mobiliser et les moyens de compensation à mettre en place.
Beaucoup d’entreprises développent depuis la loi de 1987 des actions et des moyens spécifiques pour accompagner les situations professionnelles de leur collaborateur en situation de handicap et soutenir leurs managers et le collectif de travail.
Le Dr ILIOPOULOS insiste sur la nécessité de poursuivre la sensibilisation des acteurs de l’entreprise aux troubles psychiques (le management, les collègues mais également les médecins du travail qui ne sont pas tous bien armés). « Il faut leur donner à la fois des éléments pour déstigmatiser le handicap (car il y a encore beaucoup de crainte) et des éléments de compréhension pour qu’ils sachent quelle attitude tenir, favoriser la meilleure prise en charge et prévenir les situations à risques. »
Jonathan MANOU lui, souligne que, dans l’entreprise, le handicap psychique est celui qui a le plus de difficulté à se faire une place : il subit une image très négative due aux stéréotypes diffusés par les médias ou les films. On confond ces personnes avec des gens imprévisibles, non productifs … ce qui dans la réalité n’est le plus souvent pas le cas, surtout s’ils sont accompagnés. Aussi de façon générale la souffrance psychique au travail est une thématique d’actualité, il est donc nécessaire que les ressources humaines s’y intéressent pour sécuriser les parcours professionnels des personnes. L’entreprise face au trouble psychique, écrit par le Dr BIRCK, fondatrice de l’association ARIHM, décrit très bien cette question.
- Emily Ruben
Le 17 mars 2020, une interdiction de déplacement ou confinement général a été adopté par le gouvernement français suite à l’augmentation du nombre de patients atteints du Covid-19. L’enfermement et un bouleversement de routine de la sorte ont affecté tous les français mais plus particulièrement les personnes atteintes d’un handicap psychique ou mental. Cependant, pour d’autres qui évitaient au maximum de sortir (à cause de phobies sociales par exemple), ce confinement a finalement représenté un inversement de la norme et a été plutôt bien vécu.
Les accompagnements ont continué au sein d’ARIHM par téléphone ou via des conférences téléphoniques, ce qui a permis de soutenir les usagers qui en avaient besoin.
Pour Aline*, 50 ans, anciennement secrétaire, l’accompagnement d’ARIHM fut très précieux. En effet, Aline a souffert d’un burn out et d’une grosse dépression suite à un licenciement intervenu en 2019. Cap Emploi l’a ensuite redirigée vers ARIHM.
Une des séquelles importantes de la dépression étant la fatigue, se déplacer pour se rendre aux rendez-vous sur place en janvier et février la motivait à « sortir de [sa] zone de confort » même si c’était la seule activité qu’elle pouvait supporter dans sa journée, lui soutirant beaucoup d’énergie. Elle a tenu à maintenir tous ses rendez-vous en présentiel afin d’essayer de sortir de sa zone de confort de plus en plus et était contente d’avoir réussi à le faire.
Puis arriva le confinement, ce qui l’obligea à renoncer à ce nouvel effort. Pour Aline, ce fut une période assez stressante mais qu’elle a réussi à plutôt bien vivre grâce notamment à l’aide d’ARIHM : « au début, la maladie [du Covid-19] me faisait peur car je suis un peu hypocondriaque, je regardais beaucoup les chaînes d’infos et cela me stressait. Les rendez-vous hebdomadaires avec le coach psycho-professionnel m’ont beaucoup aidé car on passait du temps à parler. Et puis j’ai réalisé que ma situation n’était pas si grave, qu’il y avait des gens plus mal lotis et que je pouvais prendre l’air, étant en dehors de Paris, je ne me sentais pas étouffée contrairement à d’autres. Le confinement a rétréci à nouveau ma zone de confort mais dans l’ensemble je l’ai plutôt bien vécu. J’allais ni mieux ni moins bien que d’habitude. J’avais quelques périodes maniaques mais j’avais de l’énergie et j’ai pu commencer à écrire un livre. Le confinement n’a en tout cas pas amplifié les séquelles de ma pathologie. » Le plus dur pour elle a été l’interdiction de voir ses proches physiquement.
Cependant, même si elle a plutôt bien vécu le confinement, elle s’estime « chanceuse » d’avoir été accompagnée par ARIHM, et particulièrement par son coach référent avec qui elle a eu un contact très positif, pendant cette période et elle ne sait pas si elle l’aurait vécue de la même façon sans cela. Les rendez-vous téléphoniques hebdomadaires constituaient pour elle « un véritable échange en toute confiance » : « j’attendais mon coup de fil avec impatience, cela me permettaient de m’exprimer sans filtre, que j’aille bien ou non ».
Aujourd’hui, Aline continue ses prestations au sein d’ARIHM et cherche une formation pour apprendre la langue des signes. Elle tient à trouver un travail qui a du sens pour elle et la rend utile. Elle veut être au service des personnes et trouver une activité constructive : aider les personnes sourdes et muettes – surtout en ce moment étant donné que les masques ne facilitent pas la communication pour eux – la motive beaucoup.
Quant à Julien*, autiste Asperger ayant également connu un gros burn out suivi d’une dépression, ce confinement a été plutôt facile à vivre pour lui : « ce qui m’a fait peur, c’est que je ne puisse pas subvenir aux besoins de ma famille, notamment la nourriture donc je m’y suis pris à l’avance. On était à la maison sans se demander si on allait manquer de quelque chose, on stressait un tout petit peu mais j’avais fait des provisions pour longtemps donc on était tranquilles. »
L’obligation de rester chez lui ne l’a pas tellement dérangé étant donné qu’il a une certaine phobie sociale. De plus, étant autiste Asperger, il a un rythme de sommeil particulier et compliqué à gérer (il met plus d’une heure à s’endormir, et l’hypersensibilité auditive fait que le moindre bruit le réveille). Se déplacer pour venir aux rendez-vous à ARIHM avant le confinement était donc un effort à fournir mais une « victoire » pour lui : « on se sent fier, investit ».
Il a pu continuer à suivre ses prestations pendant le confinement mais cette fois par téléphone. Pour lui, l’aide d’ARIHM a été très importante pendant cette période : « ARIHM a été quelque chose que j’ai vraiment apprécié, ça m’a vraiment aidé à me reconstruire J’y ai rencontré des gens qui cherchent à vous comprendre et qui ensuite cherchent à vous aider. Ils m’ont apporté beaucoup de choses, c’est ça qui m’a le plus aidé : juste avoir quelqu’un qui vous comprenne et qui vous écoute sincèrement. Ça c’est énorme. »
ARIHM a pu l’aider à « analyser, améliorer [son] CV » comprendre un peu mieux la nouvelle méthode de management qui avait été mise en place dans son entreprise, sans pression : « on sent qu’ARIHM est là pour nous aider, on ne nous juge pas, ils font des efforts sincères. Je suis très heureux d’être tombé sur le Dr BIRCK, Loïc VAILLANT, M. JAMES et M. MANOU qui sont des personnes extraordinaires. Ils m’ont vraiment beaucoup aidé, je les sentais très sincères et très impliqués ».
*les prénoms ont été modifiés afin de respecter l’anonymat des usagers
- Emily Ruben
Pour la journée mondiale de sensibilisation à l’autisme, j’ai eu le plaisir d’échanger avec notre coach professionnel Jean-Christophe MAURIN et d’avoir l’expertise de notre psychiatre Dr. Maria ILIOPOULOS, qui ont tous les deux eu l’occasion d’accompagner des personnes autistes au sein d’ARIHM. Ils m’ont alors exposé les difficultés que peuvent rencontrer ces personnes dans le monde du travail en m’indiquant comment leur poste peut être adapté afin de faciliter leur intégration et les avantages que l’on trouve à travailler avec des personnes autistes.
Les personnes atteintes du syndrome d’Asperger ou d’autisme de façon générale ont des difficultés propres liées à leur handicap. Pour Jean-Christophe MAURIN, les difficultés principales auxquelles vont être confrontées les personnes autistes en général seront liées à la communication. Au niveau même des premières étapes d’embauche, elles pourront rencontrer des difficultés à cause de leur posture, de leur regard (qu’on peut juger fuyant), elles peuvent être mutiques, ou être trop franches. Leur inaptitude sociale peut laisser transparaître une certaine froideur, ou un ton trop franc, cassant ou sec même si l’objectif n’est pas de blesser. Elles auront plus de mal à aller vers les autres, et vont rencontrer des freins quand il faut démarcher par candidatures spontanées. Malgré les encouragements, elles vont chercher des alternatives de candidature. Elles seront très rigoureuses quand elles entreprennent des recherches mais lorsqu’il s’agit d’aller chercher une information plus précise qui nécessite un appel à un organisme de formation ou l’envoi de mails, cela va générer une pression très importante.
Jean-Christophe MAURIN les aide donc dans leur élaboration de projet à ARIHM et les encourage à dépasser cette anxiété du contact afin de les intégrer en emploi ou dans une formation.
Une fois en entreprise, les personnes autistes seront plus à l’aise dans un environnement de travail qui leur permet de travailler sereinement. Un poste solitaire doit d’avantage être envisagé car elles sont moins aptes à travailler en groupe ou à manager. De plus, du fait de leur hypersensibilité sensorielle, les personnes autistes peuvent avoir du mal à travailler dans un open-space avec beaucoup de bruit ou dans un bureau éclairé par des lumières néon.
Cela n’altère cependant pas leurs capacités cognitives ou de concentration : elles ont un certain sens de la débrouillardise et dès lors que leur cadre professionnel leur permet d’être « dans leur bulle » et dans leurs conditions, c’est-à-dire où elles ne seront pas trop approchées, sans faire partie d’une équipe trop importante, elles seront très efficaces.
Il s’agira d’adapter les critiques car les personnes autistes auront également du mal à évaluer la valeur de leur travail, à gérer leur stress et ont en général une faible estime d’elles-mêmes. Il faudra également planifier tout changement car elles sont réticentes aux changements brusques.
Ces personnes ont cependant de nombreux points forts à ne pas négliger : elles sont très ponctuelles et respectueuses des délais et des règles, très sérieuses et ont un certain souci de la perfection. De plus, elles ont des capacités intellectuelles créatives et pointues. Ce sont également des personnes qui ne vont pas contester les ordres ni être dans l’opposition et qui seront très efficaces professionnellement dans les tâches qu’elles maitrisent à partir du moment où elles peuvent travailler dans un environnement adapté.
Pour mieux les intégrer, le Dr ILIOPOULOS conseille de leur présenter leurs collègues et de savoir qu’il leur faudra plus de temps pour mémoriser leur nom et fonction. Il s’agira également de les aider à se repérer dans les locaux avec des consignes (portes fermées le soir etc), de bien leur expliquer les usages de l’entreprise (les pauses-café, les réunions…), de privilégier la communication écrite et leur offrir des supports concrets. Il faudra également s’assurer d’une stabilité dans l’organisation et la planification, de leur donner du temps, de ne pas envahir leur espace de travail, d’écouter leurs besoins s’ils sont sujets à des perturbations sensorielles (bruit, néon) et de s’assurer du bon relationnel sans tout autant les y forcer.
Grâce à cela, l’intégration en entreprise de plusieurs personnes atteintes de troubles autistiques a été possible pour le Dr ILIOPOULOS et Jean-Christophe MAURIN et ils sont persuadés qu’avec de bonnes conditions de travail, celles-ci apportent beaucoup à une entreprise.
- Emily Ruben
A l’occasion de la journée mondiale de la bipolarité, j’ai recueilli le témoignage de Philippe, actuellement bénéficiaire de prestations au sein d’ARIHM.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots et nous parler de votre parcours professionnel ?
Je m’appelle Philippe, j’ai 54 ans, et cela va faire 10 ans que je n’ai pas d’activité. J’ai commencé par travailler dans l’entreprise familiale en tant que commis de chantier, puis j’ai ouvert un magasin de location de costumes mais j’ai fait faillite 5 ans plus tard.
Pendant mes 10 années d’inactivité, j’ai réussi à me faire embaucher en tant que vendeur de duty free à l’aéroport de Paris mais, comme les horaires étaient décalés, je n’arrivais plus à suivre à cause de ma maladie au bout de deux/trois mois. J’ai été totalement déstabilisé par rapport au sommeil et j’ai donc décidé d’arrêter de travailler.
Quand vous parlez de maladie, qu’entendez-vous ?
J’ai été diagnostiqué bipolaire il y a un an et demi après des moments difficiles dans ma vie. Je m’étais rendu compte que quelque chose n’allait pas : quand je travaillais à l’aéroport avec des horaires décalés, je perdais le sommeil mais je ne savais pas encore de quoi je souffrais. A cause de cela, j’ai "perdu la tête" pendant quelques temps et c’est à partir de là que j’ai été déclaré bipolaire par un psychiatre dans un centre hospitalier.
J’ai alors été pris en charge, et tout s’est enchaîné : j’ai obtenu la RQTH, je suis passé par Cap Emploi qui m’a ensuite orienté vers ARIHM dans le but de retrouver un travail ou une formation. Je n’ai eu qu’un rendez-vous pour l’instant mais j’ai déjà pu sentir beaucoup de bienveillance de la part des psychiatres et même à l’accueil. A ARIHM, on se sent bien, pas dévalorisé, ils sont là pour nous accompagner.
Etes-vous toujours suivi aujourd’hui ?
Oui, je vois mon psychiatre tous les 3 mois afin de renouveler mon traitement. Je vais mieux aujourd’hui mais mon souci est plutôt au niveau du sommeil. Si j’arrive à bien dormir, il n’y a pas de soucis. Ce qui est important dans mon traitement c’est justement la régulation du sommeil et je me suis rendu compte après, par déduction, que c’est à cause de mes problèmes de sommeil dû aux horaires décalés que je n’ai pas pu rester travailler à l’aéroport de Paris.
Aviez-vous d’autres effets de la maladie qui vous ont dérangé dans votre travail ?
Non quand j’étais au travail avec mes collègues je n’avais pas de problèmes. Mais quand je rentrais chez moi je me sentais dans une profonde solitude. Je faisais l’effort avec mes collègues mais une fois chez moi, j’étais nerveux, agacé, c’était différent. Je ressentais une sorte d’oppression.
Aujourd’hui ça va mieux ?
Oui, aujourd’hui j’attends le renouveau. J’ai envie d’aller vers les autres, d’aller à l’extérieur, et de me mettre en mouvement. Je ressens une vraie différence : je n’ai plus ces agacements, ces énervements qui se produisaient suite au manque de sommeil.
Trouvez-vous important qu’il y ait une journée spéciale dédiée à la bipolarité ?
Oui c’est important car la bipolarité est quelque chose qu’on a du mal à définir : les gens ne comprennent pas nos attitudes, c’est une maladie inconnue. Et d’autant plus qu’on se rend compte qu’avec quelques médicaments et quelques somnifères on peut reprendre le cheminement normal de sa vie. Si j’avais été plus informé et que j’avais été diagnostiqué plus tôt, j’aurai pu mettre le doigt sur le problème et le résoudre beaucoup plus vite. J’ai perdu beaucoup de temps donc oui c’est important d’informer.
Quels ont été les enjeux de ce diagnostic ?
Je pense que je souffre de cette maladie depuis au moins douze ans. Avant d’être diagnostiqué, j’avais des idées noires mais je n’avais pas lié cela à une maladie. J’avais des problèmes financiers et familiaux et je me réveillais le matin en pleurant sans savoir pourquoi. Je n’arrivais plus à me contrôler, j’avais des excès de colère que les gens ne comprenaient pas.
Je pensais qu’il était normal d’avoir un moment de déprime après les coups durs que je venais de vivre mais finalement on ne se rend pas compte que ça dure un an, deux ans, trois ans, le temps passe et la situation empire sans qu’on puisse contrôler quoi que ce soit.
Etre diagnostiqué m’a rassuré en quelque sorte : j’ai vu que je n’étais pas le seul à avoir un comportement disons « déviant » et qu’avec un bon traitement ça allait beaucoup mieux.
Mais il faut accepter d’abord qu’on est malade, qu’on est bipolaire. La première fois que j’ai été hospitalisé, je refusais de prendre mes médicaments. Je luttais en me disant que je m’en sortirais tout seul.
Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis ?
A la deuxième rechute, je me suis dit « bon écoute, laisse toi faire, arrête de croire que tu sais tout » parce que c’est dans mon caractère de vouloir tout maitriser. Mais j’ai accepté que dans cette situation, je ne maitrisais plus rien et qu’il fallait que d’autres personnes s’occupent de moi, et qu’ils en savaient plus sur moi que moi-même. C’est ce qui m’a poussé à commencer le traitement. De là, j’ai été mieux, d’où mon inscription à Cap Emploi pour retrouver une vie normale.
Avez-vous un message à faire passer à des personnes dans votre situation ?
Il faut comprendre et accepter qu’on ne sait pas tout et se laisser guider par des spécialistes sans se dire qu’on est nul. C’est comme ça, quand on a la grippe on trouve ça normal d’aller chez le médecin et de prendre des médicaments. Donc quand on a un problème psychologique on va également voir un médecin et on prend un traitement et c’est normal aussi.
Il est aussi important de se pardonner soi-même. J’étais arrivé à un moment où ma propre compagnie m’était insupportable. C’est seulement quand j’ai réappris à m’aimer, où je me suis excusé moi-même en me disant que ça avait été très dur mais que je n’étais pas une mauvaise personne, que j’ai commencé à sortir la tête de l’eau.
- Emily Ruben
Actuellement bénéficiaire de prestations à ARIHM, Anna*, 57 ans, a accepté de me parler de son parcours professionnel et de l’aide que lui a apporté l’association ARIHM après une longue période de dépression.
Anna a commencé à travailler en tant que gérante d’une librairie à l’âge de 19 ans après avoir obtenu un BEP de comptabilité au Togo. Arrivée en France, elle a suivi une formation d’auxiliaire de vie et a travaillé avec les personnes âgées puis, suite à une maladie au niveau des jambes, elle a obtenu la RQTH (reconnaissance de qualité de travailleur handicapé) et a repris des études pour devenir agent administratif.
Elle a suivi plusieurs stages et occupés plusieurs types d’emplois et a ensuite travaillé en tant qu’hôtesse d’accueil dans une société qui lui a beaucoup plu au début. Cet emploi s’est finalement terminé par un licenciement qu’elle estime immérité et déraisonnable. Ne comprenant pas cette décision et l’injustice de la situation, Anna a sombré dans la dépression.
Après une longue période de chômage, son conseiller Cap Emploi l’a donc orientée vers ARIHM. A ce sujet, elle m’a confié : « heureusement que je suis venue. Avant je ne sortais pas de chez moi, je n’avais plus de motivation, j’étais dans ma bulle. M. MANOU (notre coach psycho-professionnel) m’a beaucoup aidée : maintenant, je peux sortir, je peux aller à des forums, j’envoie des CV et je vais même à un entretien demain. Au début, je n’arrivais même plus à cliquer pour utiliser l’ordinateur ».
Avec l’accompagnement du coach, Anna a pu se servir des tests d’aptitudes qu’elle a passés, et a pu apprendre à aborder la question de l’entretien et à convaincre au mieux un employeur.
A ce propos, son coach professionnel Jonathan MANOU avait remarqué qu’Anna avait « de véritables ressources ». Pour lui, « Anna était marquée par une relation qui s’était dégradée avec son employeur précédent. Son accompagnement a consisté plutôt à redonner une profondeur à sa valeur professionnelle et à lui faire voir l’étendue de ses expériences professionnelles ».
Pour J. MANOU, l’enjeu de l’accompagnement de personnes ayant souffert de dépression est qu’il faut leur « faire voir le verre à moitié plein ». Pour Anna, « il a fallu lui faire comprendre qu’elle avait une place qui l’attendait et que toutes les expériences qu’elle a traversées lui permettent d’être plus forte à présent ».
Aujourd’hui, Anna dit aller « beaucoup mieux » et vouloir se « reprendre en main ». Au sein d’ARIHM, elle participe à l’atelier RPCC qui lui permet d’acquérir de nouvelles compétences, notamment en informatique, qu’elle pourra mettre en valeur à l’occasion de son prochain entretien d’embauche.
*le prénom a été modifié afin de respecter l’anonymat de l’usager
- Emily Ruben
Dans le cadre des semaines de la santé mentale à nouveau, j’ai pu recueillir le témoignage de Léa*, 56 ans, qui a bénéficié de prestations au sein de l'association ARIHM afin d'apprendre à gérer son anxiété.
Léa a commencé par travailler dans des maisons de retraite en tant qu’aide-soignante avant que des soucis de santé en 2015 l’obligent à changer de métier. Celui-ci était devenu trop difficile physiquement pour elle et elle a été contrainte de songer à une reconversion professionnelle. Elle s’est donc inscrite à Pôle Emploi et a très vite trouvé une formation d’employée administrative mais elle ne s’imaginait pas que cela allait lui poser beaucoup de difficultés.
Léa était exténuée : « au début ça allait et puis petit à petit j’étais épuisée, j’avais du mal à suivre le rythme, j’avais du mal à suivre la formation donc j’ai perdu pied. C’était une formation qui durait quelques mois mais c’était intensif et là vraiment j’ai perdu confiance en moi parce que j’étais désespérée. ».
Léa regrette d’avoir pris la décision de suivre cette formation sans accompagnement : « j’ai dû être mal informée. J’aurai dû attendre que Cap Emploi me passe l’information, qu’ils demandent un délai plus long pour moi ou que je sois bien accompagnée. Je ne l’ai pas fait. J’ai pris la décision de faire les choses et ça ne s’est pas bien passé donc j’étais en souffrance et désespérée de pas pouvoir faire ma reconversion jusqu’à ce que ma conseillère de Cap Emploi me propose un accompagnement pour bénéficier de prestations à l'association ARIHM. »
Cela l’a tout de suite rassurée : « je me suis laissée accompagner, petit à petit et cela me correspondait parce que les choses étaient faites pas à pas. L’objectif était d’améliorer la capacité de réaction et d’exécution face aux taches, de quantifier et qualifier les efforts et la capacité d’apprentissage. Maintenant j’ai bien progressé en bureautique grâce à l’outil informatique que leur atelier propose et j’en suis heureuse. »
De là, on lui a proposé un stage pour voir comment elle se sentirait dans le milieu du travail avec un nouveau métier : chargée d’accueil en entreprise. Cela fut une réussite : Léa pouvait travailler à son rythme, sans pression et sans être trop chargée. Ce qui lui correspondait très bien, si bien qu’elle a ensuite été embauchée.
De plus, elle dit avoir été fragilisée par les aléas de la vie auxquels elle a dû faire face : elle a été envoyée en France très jeune, sans famille et est aujourd’hui seule avec son fils. Elle a donc dû gérer son anxiété dans sa vie courante et au travail : si elle avait trop de choses à faire, elle devait prendre des pauses et respirer et elle a pu ainsi remarquer qu’elle se fatiguait vite.
Aujourd’hui, elle a moins d’anxiété mais se sent toujours fragilisée : « à cause de mon handicap, je suis diminuée physiquement ce qui entraine une fatigue constante au quotidien, et cela m’embête de ne plus pouvoir faire beaucoup de choses ».
Elle a toutefois pu reprendre confiance grâce à l’appui expert et à la réalisation du projet professionnel avec accompagnement vers l’emploi ou vers un parcours de formation : « j’ai trouvé cet accompagnement très approprié : c’était formidable, utile, et un grand soulagement de ne plus se sentir seule dans cette épreuve ».
*le prénom a été modifié afin de respecter l’anonymat de l’usager
- Emily Ruben
A l’occasion de la journée mondiale de la trisomie 21, j’ai eu l’occasion d’échanger avec Julien Perfumo, ancien chargé d’insertion et éducateur spécialisé au sein d’ARIHM, et auteur de deux livres sur le sujet du handicap mental : Voulez-vous de nous ? Quelle place dans la société pour les personnes en situation de handicap mental et Ces surdoués de la relations : un regard sur les personnes porteuses de trisomie 21 (publiés aux éditions Nouvelle Cité).
Julien Perfumo a commencé sa carrière en tant que pâtissier et s’est ensuite reconverti pour devenir éducateur spécialisé. Durant une longue carrière d’une trentaine d’années au sein de structures spécialisées, sa mission était d’intégrer des jeunes en situation de handicap dans le milieu ordinaire du travail, un combat qu’il continue de poursuivre à la retraite notamment à travers ses ouvrages.
Il a travaillé avec le Dr Birck, présidente d’ARIHM, pendant 15 ans, dont deux ans à ARIHM à temps plein puis 7 ans à temps partiel.
Durant cette période, il a réussi à mettre en place entre 1800 et 1900 stages pour des personnes en situation de handicap mental, y compris certaines atteintes de trisomie 21, engagées pour réaliser des travaux manuels pour la grande majorité. Il a alors remarqué qu’une fois insérées dans l’emploi, celles-ci faisaient des progrès étonnants, souvent inattendus, et étaient beaucoup plus heureuses et mieux dans leur peau. Pour lui, cela ne fait aucun doute : « le travail est thérapeutique ».
Les personnes atteintes de trisomie 21 souhaitent vivre « avec les autres et auprès des autres autant que faire se peut et, lorsque cela est possible » ; l’inclusion et l’intégration des personnes ayant un handicap mental dans le milieu ordinaire est crucial à ses yeux. Il soutient que les entrées en ESAT (Etablissement et service d’aides par le travail) ne devraient pas être systématiques mais plutôt réservées aux personnes avec un niveau de handicap ne leur permettant pas de travailler en milieu ordinaire.
Il se souvient d’une réussite en particulier : un jeune homme atteint de trisomie 21 pour qui il a trouvé du travail à la mairie de Gif-sur-Yvette en tant qu’aide jardinier. Celui-ci a été ensuite orienté par son père à la mairie d’Igny, a continué son travail de jardinier, n’a jamais posé le moindre problème et a été médaillé du travail. J. Perfumo pense sincèrement que le travail l’a sauvé et il a suscité la grande fierté de ses parents.
Il n’est cependant pas si simple de trouver des stages ou des emplois pour des personnes atteintes de trisomie 21 : J. Perfumo explique qu’il est très important de construire une relation progressive et forte avec les entreprises et les interlocuteurs avec qui ils seront en contact. En effet, malgré la loi du 11 février 2005 obligeant les entreprises de vingt salariés ou plus à respecter un taux d’embauche de 6% de travailleurs reconnus handicapés, certaines se basent encore beaucoup sur des préjugés, prennent peur et rejettent les candidatures de personnes en situation de handicap mental alors que J. Perfumo est certain qu’ils peuvent apporter beaucoup à une structure. Pour lui, les a priori de la société n’ont pas encore (assez) changé et il est important d’investir dans une relation avec les employeurs pour qu’ils aient confiance quand on leur soutient qu’il leur serait bénéfique d’employer une personne porteuse de trisomie (même pour la durée d’un stage).
Perfumo n’a, en général, pas remarqué d’amélioration dans le traitement des personnes ayant un handicap mental. En effet, il s’inquiète du « manque de suite logique » qu’il constate : l’école est plus ouverte à ces personnes depuis quelques années mais elles ne peuvent ensuite plus suivre lorsqu’on demande de plus en plus de diplômes et de compétences. Elles se voient donc être mises à part dans des structures spécialisées et exclues du monde ordinaire qui les oublie, ce qui est le plus gros problème pour J. Perfumo. En effet, être inclues dans le monde du travail les fait grandement progresser car elles se sentent utiles, apportent leur contribution et ne sont plus exclues, sujet qu’il a pu évoquer dans son premier livre : Ces surdoués de la relations : un regard sur les personnes porteuses de trisomie 21. Il y écrit également que, « en France, environ 65 000 personnes sont aujourd’hui atteintes de cette maladie ; un enfant sur 700 est conçu porteur de trisomie 21 ; ce n’est donc pas une maladie rare ».
Pourtant, il explique que les personnes atteintes de trisomie sont malheureusement encore les « mal-aimées » de la société, et beaucoup sont souvent abandonnés à la naissance. En effet, « en France, 96% des grossesses où l’enfant à naître a été dépisté trisomique se terminent par une interruption dite médicalisée de grossesse ou IMG ; c’est le taux le plus élevé en Europe ». Il exprime que cela est regrettable car ce sont des gens très attachants, avec qui il a pu vivre les moments les plus remplis d’amour et les plus touchants de sa vie.
C’est pour cela qu’une journée mondiale de la trisomie 21 est importante à ses yeux : « toute initiative qui encourage à la communication est bonne à prendre ». Il faut lever les craintes sur ce type de handicap et dépasser les idées reçues afin de déconstruire cette image de « mal-aimés ». Il faudrait apprendre à mieux connaître les personnes atteintes de trisomie 21 et, pour avoir passé de longs moments avec eux, Julien Perfumo sait pertinemment que ce sont des personnes formidables et qu’elles « sont dépositaires de trésors de gentillesse, de bonté, de sensibilité, de générosité et de tendresse, qu’elles sont naturellement et spontanément prêtes à partager avec leur entourage ».
Comme il l’écrit à propos du travail inclusif, « allons de l’avant ; le défi n’est pas insurmontable. »
- Emily Ruben
A l’occasion de la journée mondiale de la schizophrénie du 17 mars, j’ai eu le plaisir d’échanger avec Arnaud, qui a bénéficié de prestations au sein d’ARIHM en 2019.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots et nous parler de votre parcours professionnel ?
Je m’appelle Arnaud et j’ai un parcours un peu atypique : j’ai suivi une formation dans la radio de 2002 à 2004, j’ai eu un diplôme homologué niveau BTS et j’ai travaillé sur différentes radios telles que RMC, BFM Business, RFI, Europe 1...
Ensuite, ma maladie s’est redéclarée quand j’ai voulu arrêter mon traitement. J’ai alors dû refuser des contrats car j’étais hospitalisé. A cause de cela, j’ai été un peu « blacklisté » : tout le monde se posait des questions car je n’avais dit à personne ce que j’avais eu et, dans le doute, personne n’a voulu me refaire confiance après.
J’ai donc galéré pas mal de temps. J’ai travaillé dans d’autres domaines comme la bureautique pour ne pas rester sans rien faire puis je n’arrivais plus à retrouver de travail et mon référant Cap Emploi m’a conseillé d’aller à Arihm pour me remobiliser un peu et pour trouver des solutions pour l’entretien d’embauche afin d’apprendre comment aborder ma maladie parce que je n’arrivais pas à en parler.
Quand vous parlez de maladie, qu’entendez-vous ?
Il s’agit de troubles schizophréniques. Je ne suis pas très atteint car je réponds très bien à mon traitement depuis 5 ans. Depuis, je n’ai aucun symptôme : ni positif, ni négatif, pratiquement pas d’effets secondaires non plus. Du coup, c’est un peu comme si j’étais guéri mais je sais que si j’arrêtai mon traitement les symptômes pourraient revenir d’un moment à un autre donc je ne le ferai jamais. Quoi qu’il en soit, je n’ai pas un gros degré de maladie.
Et du coup comment cela se manifestait-il dans votre travail ?
Quand j’ai arrêté mon traitement en 2004, ça s’est manifesté par des bouffées délirantes : quand je ne vais pas bien, d’un seul coup je me mets à refaire le monde, à me dire que je reçois des messages, des choses complètement utopiques évidemment mais quand vous délirez vous ressentez vraiment les choses, comme si vous les viviez vraiment. Du coup, ça m’empêchait d’être cohérent, d’avoir le sens de la réalité… c’était compliqué. Heureusement, cela fait très longtemps que cela ne s’est pas reproduit et je pense que mon traitement actuel permet que ça reste ainsi.
C’est donc un référent de cap emploi qui vous a conduit à ARIHM ?
Oui, Monsieur J., qui est encore mon référent. C’est quelqu’un de très bien : il comprend toujours la problématique et est très à l’écoute. Il m’aide à me remobiliser car il a pleins d’idées, de solutions ; c’est une boîte à outils qui m’aide beaucoup.
Il m’a d’ailleurs récemment trouvé un stage à Vivre FM : une radio qui parle du handicap mais aussi beaucoup de la différence, où on m’a proposé un contrat à la fin de mon stage. Cela me convient car j’ai l’impression de servir à quelque chose dans cette radio : je suis à la fois là parce que j’ai un handicap mais surtout pour mes compétences. C’est d’ailleurs la première fois que je suis en entreprise et que les gens savent que j’ai une maladie. Même si je suis à un degré très faible de maladie, elle est quand même présente. C’est rassurant de savoir que je ne suis pas dans un endroit où les gens ne savent pas ce que j’ai et où du coup personne ne comprendrait s’il m’arrivait quelque chose.
De quelles prestations avez-vous alors bénéficié à ARIHM ?
Un coach m'a par exemple préparé aux entretiens d'embauche grâce à des simulations. Cela m'a beaucoup aidé pour apprendre à parler de ma maladie. J’ai aussi fait un test de QI et j’ai trouvé cela très utile parce qu’on avait ensuite débriefé sur les différents types d’intelligence. Ce coach était très pertinent car il avait réussi à mettre le doigt sur des détails qui m’ont fait prendre conscience de pleins de petites choses. Ces séances m'ont beaucoup plus apporté que les ateliers de groupe au sein desquels je n’arrivais pas vraiment à avancer sur mes propres problématiques car les personnes présentes avaient généralement des pathologies plus lourdes que la mienne.
Etes-vous satisfait de l'accompagnement qu'ARIHM vous a proposé ?
Oui, c’était parfaitement approprié, il y a une bonne écoute, une bonne cohésion dans ce qu’on fait et je n’ai eu que des bons interlocuteurs. La durée de l’accompagnement était, je trouve, tout à fait adaptée à mon profil.
Suite à cela, avez-vous retrouvé un travail tout de suite ?
Oui j’ai retrouvé un emploi tout de suite en travaillant 2 mois chez Apple malgré un parcours du combattant avec pas moins de cinq entretiens d’embauche. Je n’y suis pas resté longtemps car j’ai trouvé que le rythme était trop intense mais cela m’a permis de commencer le stage à Vivre FM. J’ai donc pu retourner dans mon domaine principal d’activité : la radio.
Ce stage s’est bien passé ?
Oui, c’était un stage de remobilisation professionnelle en groupe avec sept personnes via le projet Phoenix qui existe depuis une dizaine d’années.
Ce sont des stages qui ont pour but de remobiliser des groupes au travail, des fois des personnes plus atteintes que moi. Mon conseiller de Cap Emploi a bien fait de me le proposer car Vivre FM a tout de suite vu que j’avais un profil technicien donc je me suis directement positionné sur les postes techniques. C’est pour cela qu’ils ont proposé de me garder car un poste se libère en mai, ce qui me laisse tout juste le temps de me former.
Vous m’avez dit suivre un traitement ; êtes-vous également toujours suivi par un psychiatre ?
Oui toujours, il y a un des rendez-vous réguliers pour s'assurer du suivi du traitement. En plus de cela, le CAP me propose de la psychothérapie pour m’aider à prendre des décisions dans certains domaines au quotidien ou m’aider par rapport à toutes les interrogations que je peux encore avoir à l’heure actuelle. Je trouve cela encore plus précieux que le reste parce que ça m’aide vraiment à être opérationnel dans mon quotidien. Je pense qu’on devrait presque tous avoir droit à la psychothérapie, car j’ai vu que cela m'aide énormément de pouvoir parler à quelqu'un de neutre.
Et avec le traitement, votre maladie ne se manifeste plus vraiment dans votre travail ?
Non, je n’ai aucun symptôme. Les gens pourraient croire que je suis complétement ordinaire, que je n’ai pas de maladie. Je pense qu’un jour on découvrira peut-être que je ne suis pas malade mais a priori ce n’est pas possible. En tout cas je n’ai plus de symptômes depuis vraiment longtemps.
Aujourd’hui, comment vous sentez-vous dans votre travail ?
Je ne me suis jamais senti aussi bien. Je suis dans un environnement qui me plait et les gens sont particulièrement bienveillants étant donné que nous sommes dans un milieu où tout le monde a un handicap différent. On fait partie d’un groupe qui ne cherche pas à gagner de l’argent mais plutôt à faire des choses biens, avec peu de moyens. C’est à taille humaine mais ils ont tout de même des très beaux studios et c’est très professionnel.
De plus, savoir qu’il n’est plus interdit pour moi de parler de ma maladie et que je peux même servir d’exemple pour ceux qui veulent s’en sortir et qui auraient besoin de conseils me donne un réel objectif de vie.
- Emily Ruben